Exposition Joan Miro’

Exposition au Grand palais en octobre 2018

« Pour moi, un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème ». Joan Miro’

Réunissant près de 150 oeuvres dont certaines inédites en France et couvrant 70 ans de création, cette rétrospective retrace l’évolution technique et stylistique de l’artiste.
Miró crée à partir de ses rêves et nous ouvre les portes de son univers poétique. 

Il transforme ainsi le monde avec une apparente simplicité de moyens, qu’il s’agisse d’un signe, d’une trace de doigt ou de celle de l’eau sur le papier, d’un trait apparemment fragile sur la toile, d’un trait sur la terre qu’il marie avec le feu, d’un objet insignifiant assemblé à un autre objet.

Miró fait surgir de ces rapprochements étonnants et de ces mariages insolites un univers constellés de métamorphoses poétiques qui vient réenchanter notre monde.

Sa terre natale, la Catalogne, lui offre l’inspiration, Paris son premier tremplin, Palma de Majorque le grand atelier dont il a tant rêvé. Entre tous ces lieux, Joan Miró crée une œuvre dénuée de toute anecdote, de tout maniérisme, de toute complaisance à l’égard des modes. Pour y parvenir, il remet continuellement en question son langage pictural. S’il s’intéresse aux avant-gardes du XXe siècle, il n’adhère à aucune école, aucun groupe. Miró exprime, dès les années 1920, sa volonté d’« assassiner la peinture » et développe des pratiques novatrices. Son œuvre se présente ainsi comme un espace de protestation et témoigne de ses luttes. Il souhaite affirmer la puissance du geste créateur et avec cette énergie « primitive » qui le caractérise, il est l’un des rares artistes, avec Pablo Picasso, à avoir lancé un défi au surréalisme et à l’abstraction. Inventeur de formes, Miró traduit en termes puissants et poétiques la liberté dont il est si farouchement jaloux et redonne à la peinture tous ses pouvoirs.

Cherchant à contrecarrer les excès de son fauvisme, Miro’ entreprend au cours de l’été 1918 une série de quatre paysages d’une étonnante précision dans lesquels il entend livrer sa vision du microcosme de la ferme familiale.

Le cheval, la pipe et la fleur rouge :

On peut voir l’influence de l’art nouveau et en particulier celle de Gaudi et de ses mosaïques de la Salagra familia et du parc Guël

à gauche, le carnaval d’Harlequin, peint dans son atelier de la rue Blomet à un moment où Miro’ tente de capter les hallucinations que lui provoquent la faim

 » Le surréalisme m’a permis de dépasser de loin la recherche plastique, il m’a mené au cœur de la poésie, au cœur de la joie, joie de découvrir ce que je fais après l’avoir fait, de sentir gonfler en moi, à mesure que je peins un tableau le sens et le titre de ce tableau »

Cité dans Miro’ au cœur de la joie, Piette Bouvier – Les nouvelles littéraires aout 1968, repris dans Joan Miro’ « Ecrits et entretiens » Daniel Lelon, 1995

Photo Rose-Marie Wilbert

Mais Miro’ ne se contente pas de la peinture, il s’intéresse aussi à la faïence et à la sculpture

Avant de peindre des toiles immenses et dépouillées :

« Les gens comprendront de mieux en mieux que j’ouvre des portes sur un autre avenir, contre toutes les idées fausses, tous les fanatismes.« 

Joan Miro’ dans « Ceci est la couleur de mes rêves » Entretiens avec Georges Raillard – Le Seuil 1977

Toile brûlée II

De 1961 à 1974, alors qu’il tend à l’extrême simplification dans ses triptyques, Miro’ exerce sa fièvre créatrice dans tous les autres domaines artistiques. Il joue sur tous les registres, pousse aux limites tout ce qu’il avait pu explorer au préalable. Dans une suite de peintures réalisées en 1973, il lacère au couteau puis brûle ses toiles à l(essence et au chalumeau. Le couteau crée des vides, des ouvertures et des circulations d’espaces entre l’envers et l’endroit, tandis que le feu destructeur engendre une nouvelle matité à la couleur noire.

Texte issu du programme de l’exposition

Photos Rose-Marie Wilbert et Bernard Gomel