Cette journée, remarquablement organisée par Rose-Marie Wilbert, a pour but de faire découvrir aux visiteurs deux trésors de Villers-Cotterêts :
- -l’incroyable histoire de la famille Dumas, dans le musée qui lui est dédié ;
- -la Cité Internationale de la langue français, installée dans l’historique château de François Ier.


Le Musée Alexandre Dumas doit sa présence à Villers-Cotterêts au fait qu’Alexandre Dumas père y est né en 1802. Son propre père, Thomas-Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie, général de la Révolution, né lui-même d’une mère du nom de Dumas, esclave aux Antilles, s’y était retiré auprès de son épouse, Marie-Louise Labouret, et y meurt en 1806.
Notre guide nous raconte avec force détails la généalogie épique de la famille Davy de la Pailleterie, d’origine normande, dont l’histoire se poursuit à Saint-Domingue, autour de plantations de canne à sucre et d’âpres questions d’héritage. Celui qui héritera du nom et des biens sera ce fils naturel d’esclave, Thomas-Alexandre, finalement reconnu et racheté par son père. Devenu général en chef de l’armée française en 1793, il s’illustrera dans plusieurs campagnes napoléoniennes (Italie, Egypte) à la tête de son régiment de Dragons. Sa brouille avec Bonaparte au cours de la campagne d’Egypte provoque sa désertion, suivie d’une incarcération de deux ans à Tarente (Royaume de Naples-Sicile). Rentré en France, il meurt à Villers-Cotterêts à l’âge de 44 ans, en 1806.
Alexandre Dumas père a 4 ans à la mort de Thomas-Alexandre, il ne suit l’école que pendant deux ans, exerce tôt un emploi de saute-ruisseau ; il découvre la littérature à l’adolescence, grâce à son ami Adolphe de Leuven. Initié par ce dernier au théâtre, Alexandre quitte Villers-Cotterêts en 1823 pour faire carrière à Paris. Il lit beaucoup, mémorise remarquablement, écrit en collaboration, et écrit seul une pièce, Henri III et sa cour, qui est jouée en 1829 à la Comédie Française. Ce drame historique en prose, très novateur, connaît un grand succès.
Dans les années qui suivent, Alexandre Dumas écrit d’autres drames historiques dont on ne parle plus ; dans les années 1840, il se lance dans le roman-feuilleton, dont la publication périodique à la mode dans la presse -avec paiement à la ligne- permet les rebondissements infinis : La Reine Margot, La Dame de Monsoreau, Le Vicomte de Bragelonne, et bien sûr Les Trois Mousquetaires et Le Comte de Monte-Cristo. Alexandre Dumas n’écrit pas seul : il a des collaborateurs, des détracteurs aussi, qui publient des pamphlets racistes contre cet auteur métis qui veut apprendre l’histoire au peuple et s’est fait construire un château, le Château de Monte-Cristo dans sa propriété de Port-Marly.
Alexandre Dumas, écrivain fécond et grand voyageur, a publié plus de 600 titres d’une extrême variété : pièces de théâtre, romans-feuilletons, impressions de voyage, contes et même des recettes de cuisine. Il meurt en 1870 ; dans une lettre de 1872, Victor Hugo écrira : « Aucune popularité en ce siècle n’a dépassé celle d’Alexandre Dumas ». Il entre au Panthéon en 2002.
Alexandre Dumas fils naît en 1824, lui aussi « fils naturel » d’une lingère, Laure Labay. Quand il a 6 ans, son père le reconnaît et en obtient la garde. Victime de harcèlement en raison de ses origines dans le pensionnat où il est élevé, il luttera toujours contre l’injustice et aura à cœur de donner à sa maîtresse, l’actrice et courtisane Marie Duplessis, qui meurt de phtisie à l’âge de 23 ans, une sépulture digne. Cette histoire inspirera La Dame aux camélias, roman publié en 1848, qui sera adapté au théâtre en 1850 et connaîtra un immense succès à l’opéra, dans La Traviata de Verdi en 1853.
Auteur d’une quarantaine d’œuvres, héritier de la fécondité littéraire de son père, fondateur de la pièce à thèse et du drame bourgeois (Le Demi-monde, en 1855, Le Fils naturel, en 1858), Alexandre Dumas fils sera élu à l’Académie Française en 1874.
Par Fabienne Dabrigeon, AMOPA Paris ouest
Notre deuxième visite guidée est celle du Château de Villers-Cotterêts qui abrite la Cité Internationale de la langue française, inaugurée en 2023.

En 1532, François Ier restaure un ancien château médiéval pour en faire un relais de chasse, lieu de détente et de loisir. Il prolonge le Logis royal au centre par deux axes symétriques entourant la Cour des Offices. Cet espace est appelé Cours du Jeu de Paume d’après le jeu favori de François Ier et de sa cour. Ce château s’inspire de plusieurs influences : l’Antiquité avec les colonnes de la façade, la Renaissance italienne avec son souci de symétrie, ses baies géminées, sa loggia, mais il exhibe aussi les symboles du pouvoir royal chers à François Ier : les salamandres illustrant sa devise « je me nourris du bon feu et j’éteins le mauvais », et les nombreux F couronnés qui ornent les chapiteaux des colonnes de la chapelle, ainsi que des cheminées extérieures.
Dans la chapelle, au mur de ce qui était le chœur, se trouve la plaque originale où est inscrit l’arrêt historique signé par François Ier en août 1539 : l’ordonnance selon laquelle la langue française devra être utilisée dans tous les textes officiels ; l’acte de naissance de la francophonie en somme.
Le parc du château fut réaménagé par Le Nôtre en 1661 pour le Duc d’Orléans, frère de Louis XIV, avec des fontaines, une allée centrale et des allées adjacentes en patte d’oie, une perspective italienne depuis la terrasse.
Après de longues années d’abandon, le château devint au XIXe siècle un dépôt de mendicité pour les indigents et les indésirables, puis un hospice qui accueillit jusqu’à 1800 personnes, et enfin une maison de retraite du département de la Seine jusqu’en 2014. Grâce aux travaux de rénovation et de réaménagement menés pendant une dizaine d’années, la Cité a pu ouvrir ses portes en 2023.






Notre groupe se disperse ensuite pour visiter au rythme et au gré de chacun les 15 salles où sont rassemblés documents, objets de collection, dispositifs numériques, pour retracer « l’aventure du français », langue-monde.
Par Fabienne Dabrigeon, AMOPA Paris ouest que nous remercions très vivement de sa contribution