« La Société de Géographie et la famille Napoléon »
Le mardi 17 juin 2025, une quarantaine de membres de l’AMOPA et de la Société de Géographie, souvent adhérents des deux organisations, s’étaient réunis pour écouter le Professeur Jacques Gonzalès, Secrétaire général de la Société de Géographie et Vice-président de la section AMOPA Paris XII-XIII, rappeler brillamment les nombreux liens entre les Napoléons et ladite société, la première au monde, née des suites de l’expédition en Égypte.
Bernard Gomel, Président de la section Paris XII-XIII et Secrétaire général adjoint de l’AMOPA, a accueilli les invités et leur a expliqué où ils étaient et quelles étaient les activités de la Fondation Eugène Napoléon. Il a remercié Monsieur François-Xavier Moreau, Délégué général de la Fondation qui ne pouvait être présent de nous accueillir, à présenté le Président national Claude Tran qui était parmi nous et a introduit le Professeur Jacques Gonzalès qui a aussitôt pris la parole.



« La Société de Géographie est née le 15 décembre 1821, quelques mois après la mort de Napoléon Ier. L’expédition d’Égypte de 1798 qui avait entraîné la découverte fascinante d’une civilisation méconnue par 169 « savants » avait marqué les esprits. Jomard, un de ces participants, a été chargé de rédiger un énorme ouvrage de vingt volumes, L’expédition d’Égypte, publié de 1809 à 1828. Il est l’un des 217 fondateurs de la Société et un de ses principaux dirigeants durant quarante ans. Champollion a profité de ces acquis et il décrypte dès 1822 les hiéroglyphes. Napoléon qui estimait tant la géographie a donc joué un rôle indiscutable dans la naissance de la Société.
Les décennies ont suivi sans que retombe l’égyptomanie.
En 1850, Napoléon III, le fils de Louis Bonaparte, le troisième frère de Napoléon Ier, adhère à la Société de Géographie. Il est empereur en 1852, il épouse Eugénie en 1853. Leur fils Eugène naît en 1856. Le percement du canal de Suez est alors en pleine actualité, contesté par les Anglais et leurs alliés. L’impératrice Eugénie, liée familialement à Ferdinand de Lesseps, pousse son mari à faire imposer cette réalisation. Elle en est la « marraine », la personnalité centrale lors de l’inauguration en 1869. Napoléon III qui veut la grandeur de la France, a favorisé aussi l’instruction publique avec Victor Duruy mais survient la tragique année 1870. Prisonnier des Anglais, il meurt en 1873 et son fils aussi, dans des conditions tragiques, en 1879. Eugénie vit, elle, en exil. Cette débandade militaire, mise sur le compte d’une ignorance de la géographie par l’armée française, et même par toute la population de la France, déclenche un choc sociétal : son enseignement est privilégié et avec cet engouement la Société de Géographie dépasse en 1885 les 2500 adhérents. Ferdinand de Lesseps la préside de 1881 à 1890.
L’impératrice Eugénie possédait une forte influence autour d’elle. Elle a favorisé notamment le mariage en 1869 d’Albert Ier de Monaco avec une cousine de Napoléon III. Cette mise en relation s’est accompagnée de la fréquentation régulière d’Albert Ier avec Roland Bonaparte, le petit-fils de Lucien, le second des frères de Napoléon Ier. Du reste Roland a épousé, en 1880, Marie-Félix Blanc, la fille du fondateur de la Société des bains de mer de Monaco.
Dans les semaines qui ont suivi la naissance, en 1882, de leur fille, Marie, l’épouse de Roland Bonaparte meurt de maladie. Il devient très riche et utilise alors sa fortune pour se faire construire un hôtel grandiose avenue d’Iéna – aujourd’hui le palace Shangri-la. Roland, passionné de géographie, consacre aussi son argent à l’achat d’un nombre considérable de livres, de photos, de cartes et plans, d’objets géographiques. Son hôtel avec sa bibliothèque et son herbier prestigieux héberge les administrateurs de la Société de Géographie, même s’ils disposent d’un immeuble au 184 boulevard Saint-Germain depuis 1878. Roland Bonaparte en est un adhérent depuis 1884 et il en devient le président de 1909 à 1924, date de sa mort. Il est resté extrêmement actif durant tout ce temps ; il a organisé notamment les festivités pour célébrer en 1921 le centenaire de la Société, avec la présence effective du président de la République, Alexandre Millerand. Il est resté très lié à Albert Ier de Monaco, adhérent de la Société depuis 1886, et un des pionniers de l’océanographie. Au décès de son père, conformément à son testament, Marie Bonaparte devenue princesse de Grèce a fait don à la Société de Géographie de tout son patrimoine géographique. Mis à l’abri en 1942 à la BnF, il y est conservé depuis lors.
En conclusion, il apparaît que la famille Napoléon a joué un rôle fondamental dans l’existence de la Société de Géographie, la plus ancienne du monde, dans son essor et pour la contribution de son patrimoine colossal. »
Pour en savoir plus, lire Décrire la Terre écrire le monde Le livre du bicentenaire de la Société de Géographie par Jacques Gonzales. Éditions Glénat. Prix Jules Verne 2022.

Les échanges et questionnements se sont poursuivis dans le jardin de la Fondation où l’AMOPA Paris XII-XIII avait convié les auditeurs autour d’un rafraichissement gourmand ; ce fut un moment de convivialité apprécié. Monsieur Claude Tran, Président national de l’AMOPA, très récemment élu a pu s’entretenir avec nombre de participants.

Vous pouvez aussi retrouver le même évènement sur le site de la Société de Géographie :